La France se situe à la toute dernière position dans le classement issu de cette étude. La réponse est là aussi claire : La pratique du Rugby en France ne pose pas un problème de sécurité spécifique comparativement à la pratique du Rugby dans le monde. Le taux d'accidents sérieux dans le Rugby à XV français se situe dans la moyenne basse des nations pratiquant le rugby à XV et d'autres sports comme le Football américain et le hockey sur glace. Bien sûr nous devons tenir compte de la date de l'Etude. Cependant, les chiffres d'accidents en France ayant baissé depuis, il est probable que le classement reste un bon repère. La troisième question à laquelle nous devons répondre est la suivante : Le Rugby est-il particulièrement dangereux comparativement à d'autres sports ou d'autres activités de loisirs ?
Une étude menée en 2010 par l'ancien Institut de Veille Sanitaire nous amène les données suivantes : • 246 morts/an liés à des activités sportives et loisirs réparties ainsi
99 lors d'activités de Montagnes 50 lors d'activités nautiques 27 liés à la chasse 23 lors d'activités aériennes motorisés (ULM…) 23 dans les sports mécaniques o 20 lors d'activités aériennes non motorisés (deltaplane, parapente, parachute…) 4 dans les autres sports (2 Equitation, 1 Pétanque, 1 Rugby) • Ces chiffres ne tiennent pas compte des 147 cyclistes décédés sur la route et des 430 noyades survenues hors sports ou hors activités nautiques. • Il faut évidemment compléter en incluant les variations annuelles du nombre de décès dans le Rugby français. Même avec celle-ci, le Rugby reste loin derrière dans ce sombre classement. Là aussi la date de l'Etude doit être prise en compte mais la tendance de nos accidents étant à la baisse depuis, nous pouvons nous appuyer sur ces chiffres. La pratique du Rugby en France n'est donc pas une des pratiques sportives créant le plus d'accidents. Loin s'en faut. Les réponses aux 3 questions se sont donc claires. Cependant nous ne pouvons ignorer le ressenti général illustré par le traitement médiatique de notre actualité. Notre sport fait peur, peur qui dépasse la réalité des chiffres et des statistiques. Ainsi, nous ne pouvons ignorer le changement de regard lié à l'irruption de la problématique des commotions cérébrales depuis 2010. C'est devenu une question centrale de la sécurité des pratiquants et des pratiquantes. Comme pour les accidents qui survenaient lors de mêlées et qui a été pris à bras le corps par la FFR et les instances internationales, cette problématique fait l'objet d'une réglementation qui permet une détection et une prise en charge qui n'ont jamais été aussi rigoureuses. Jamais le pratiquant et la pratiquante de Rugby n'ont été aussi suivis et surveillés.
Ainsi l'établissement du protocole commotion (HIA) efficient au niveau professionnel, mais aussi le déploiement du programme de prévention intitulé « #Bien joué », dédié au monde amateur et aux Ecoles de Rugby, amènent des réponses concrètes afin de diminuer les risques liés à la commotion cérébrale et promouvoir un rugby de mouvement. Dans nos écoles de rugby, les jeunes sont formés progressivement avec des séances de « toucher 2 secondes », des séances en contacts aménagés pour apprendre à ceinturer, et du rugby à plaquer en dessous de la ceinture. Le retour vers un Rugby d'évitement et un apprentissage évolutif permettent de garantir la sécurité, former au rugby et préserver la sérénité des parents. Cette problématique de la commotion cérébrale, bien que prise en charge par World Rugby et la FFR, a certainement contribué à créer un climat anxiogène fort participant à la situation actuelle. Au final le Rugby est un sport de contact, d'engagement pratiqué depuis plus de 200 ans et aujourd'hui par plus de 9 millions de personne dans le monde. Il comprend sa part de risque que toutes les fédérations du monde dont la FFR mesurent et étudient afin d'adapter les règles. Aucun autre sport ne se pense en permanence comme le nôtre. Le jeu évolue, la nature des risques également : la réflexion doit aujourd'hui désormais porter en priorité sur les règles de plaquage.
Pour traduire ces intentions en actions, nous avons ce jour, à notre initiative, rencontré les dirigeants de World Rugby, prescripteur de la règle, pour évoquer l'ensemble de ces sujets que nous portons en ultra-priorité. J'ai fait ce jour, les 3 propositions concrètes suivantes, qui seront suivies des faits : Abaisser la ligne de placage au niveau de la ceinture Interdire le plaquage à 2 joueurs : le 2ème plaqueur ne maîtrisant plus la position du plaqué, la zone d'impact du 2ème plaquage est inconnue et potentiellement risquée Sanctionner sévèrement le plaquage tête contre tête : la règle entendrait de sanctionner le plaqueur qui ne ferait pas l'effort de se baisser.Par ailleurs, nous avons convenu avec World Rugby d'organiser un symposium mondial sur la santé des joueurs et l'évolution de la règle. Ce grand rassemblement mondial aura lieu les 19&20 mars prochains à Paris et portera des actes forts, concrets et opérationnels. La FFR est une nouvelle fois force de propositions dans ce combat quotidien pour la sécurité de nos pratiquants. Mais le Rugby ne peut être résumé à ces problèmes de sécurité.
Le Rugby est un formidable outil pédagogique au service de l'épanouissement personnel des jeunes filles et des jeunes garçons qui le pratiquent. De plus la pratique du Rugby, comme tous les autres sports, permet de lutter efficacement contre la sédentarité, fléau de nos sociétés modernes. Le Rugby est donc un atout pour notre société dont le risque, en baisse et accepté jusqu'alors, ne doit pas effacer toutes les vertus. Nous devons tenter de comprendre et comment nous pouvons tous ensemble ramener de la raison dans le débat. Je vous prie d'agréer l'expression de mes plus sincères et chaleureuses salutations sportives. |